L'épopée des Capétiens, une dynastie qui a fait la France :
Robertiens |
Capétiens |
Premiers Rois Capétiens |
Rois Capétiens (1180-1320)
Les Capétiens-Anjou , Rois de Naples, Sicile, Hongrie et Pologne.
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481 - 888 La France Avant la France
de Geneviève Bührer-Thierry et Charles Mériaux -- - ISBN: 2701191882
L'histoire a longtemps juxtaposé des images simples pour définir les quatre siècles écoulés de 481 à 888 : aux Mérovingiens incultes et incapables, succédaient des Carolingiens glorieux et conquérants.
Les recherches des dernières décennies, fondées sur une réévaluation des sources écrites et sur les progrès de l'archéologie, ont libéré cette période du carcan des idées reçues.
Ce livre, en forme de bilan, dresse des perspectives neuves. Il montre notamment que les rois mérovingiens furent les derniers continuateurs de l'Antiquité et que si les premiers Carolingiens rassemblèrent sous leur autorité presque toute l'Europe occidentale, l'Empire s'avéra une réalité fragile et diverse.
Ainsi, les auteurs ramènent-ils les faits aux réalités de l'époque, en rejetant les anachronismes et les outrances, et en appuyant leur exposé sur des textes et des cartes comme sur une iconographie abondante. Cette histoire renouvelée possède un attrait majeur : au-delà des représentations traditionnelles, elle s'efforce d'atteindre le réel.
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Le Maine du VIIIème au XIIème siècles
C'est à l'époque de
Charles Martel, au début du VIIIème siècle, qu'apparait le premier comte du Maine connu, il s'appelle Roger. En 724 l'évêque
du Mans Herlemond décède et le siège reste vacant ce qui permet à Roger d'administrer et de controler les domaines épiscopaux.
Roger a deux fils, Charivé qui lui succède comme comte du Maine et Gauziolène qui devient évêque
du Mans avec l'aide de l'évêque de Rouen et contre la volonté du métropolitain du Mans qui est l'
archevêque de Tours. Gauziolène mène une vie de seigneur plutot que d'évêque et il abuse des biens de l'évêché du Mans.
Plus tard, en 748,
Pépin le Bref mate une révolte de son demi-frère Griffon, il lui pardonne et lui confie une partie du
Maine pour surveiller et défendre la région contre les Bretons. On n'a pas d'informations sur les relations de Griffon avec Charivé et Gauziolène.
En 753 Griffon, à nouveau en révolte contre
Pépin le Bref, se réfugie en
Aquitaine auprès du duc Waïfre.
Pépin le Bref pénètre dans le
Maine avec son armée. Il assiège
Le Mans où Charivé et Gauziolène se sont enfermés. L'armée de
Pépin ravage la région autour
du Mans en n'épargnant que les monastères et établissements religieux.
L'Abbé Sigebaud de
Saint Calais et les moines se recommandent de
Pépin le Bref qui prend ainsi le contrôle de cette abbaye et lui assure sa protection.
Gauziolène parvient pourtant à conserver sa position d'évêque
du Mans puisqu'il participe à la fondation de l'Abbaye de Prum et est présent, en 760, au Synode d'Attigny, il fait partie des signataires du Livre de Confraternité des évêques. Pourtant l'évêché
du Mans parait avoir perdu une bonne partie de son influence et de ses biens, les monastères passent sous le contrôle de
Pépin le Bref et du fisc Carolingien.
Ce n'est que pendant le règne de
Louis le Pieux que Notre Dame du Mans et le Monastère Saint Vincent reviennent sous la tutelle de l'évêque Aldric (qui était apparenté aux
Carolingiens).
Le
Maine réapparait sur le devant de la scène après la mort de
Louis I le Pieux (840), ses trois fils se disputent l'Empire.
Le
Maine est alors pris dans une véritable
guerre civile. L'évêque du Mans Aldric est du parti de
Charles II le Chauve, les aristocrates et l'Abbé de
Saint Calais tiennent pour l'Empereur
Lothaire. La victoire finale de
Charles II le Chauve permet à Aldric de revenir
au Mans.
En 841 le comte de Nantes Ricoin décède.
Charles II le Chauve constitue un commandement militaire qui rassemble le comté de Nantes et le Pays d'Herbauges pour s'opposer aux incursions des Bretons. Il le confie à Renaud déjà comte d'Herbauges, celui-ci est apparenté aux
Rorgonides qui sont bien implantés dans cette partie de la Francie Occidentale.
Lambert qui estime avoir des droits sur le comté de Nantes se révolte et s'allie aux Bretons. Il bat et tue d'abord Renaud en 843 puis le fils de celui-ci Hervé en 844. En 845 Lambert se soumet au roi qui lui réattribue le comté de Nantes.
En 850 les invasions Bretonnes prennent une nouvelle dimension, le comte Lambert de Nantes s'est allié temporairement avec les Bretons et prend
Le Mans en 850. Nominoé, le chef des Bretons, a envahi le sud du Maine et remonte la
vallée du Loir, mais il meurt à
Vendôme au début de mars 851.
Son fils Erispoé bat à nouveau
Charles II le Chauve au Grand Fougeray le 22 aout 851. Le roi Charles signe la paix à
Angers et cède aux Bretons le comté de Rennes et le pays de Retz, Lambert reprend le comté de Nantes.
Par la suite Erispoé abandonne Lambert et le chasse de
Nantes, celui ci cherche à s'établir en Mayenne mais il est vaincu et tué le 1er mai 852 par le comte du Maine Gauzbert qui tient à venger sa famille.
Charles II le Chauve n'accepte pas ces vendetta de familles, en 853, Gauzbert est jugé, condamné et décapité, les
Rorgonides sont outrés et plus tard sont parmi les instigateurs de la révolte de 858.
En 854
Charles II le Chauve marie son fils
Louis avec une fille d'Erispoé et constitue pour lui une Marche à l'Est de la
Bretagne qui comprend le
Maine.
Il effectue une opération analogue en
Aquitaine en 855 avec un autre fils, Charles. En 856 c'est la révolte générale des comtes du Centre-Ouest de la Francie, pourtant la plupart sont apparentés à la femme de
Charles II le Chauve, Ermentrude.
La révolte se développe et en 858 avec l'appui des
Rorgonides. Le Sénéchal Adalard et Eudes le beau-frère de
Charles II le Chauve offrent la couronne à
Louis le Germanique.
L'intervention de Hincmar archevêque de Reims entraine les autres évêques et l'indécision de
Louis le Germanique sauvent
Charles le Chauve qui au début de 860 a repris sa position.
Il sanctionne ceux qui l'ont trahi et met en place des membres de la famille de sa mère, les Welfs.
Pour autant il pardonne à
Robert le Fort et le met à la tête de la Neustrie (duc de France,
comte de Tours, d'
Angers, de
Blois, Abbé laïc de
Saint Martin de Tours, ...) pour s'opposer aux
Normands. Cette nomination mécontente le comte du Maine, Salomon roi de Bretagne et le fils de
Charles II le Chauve,
Louis le Bègue. Mais ils sont battus par
Robert le Fort et le roi de Bretagne signe la paix.
Pendant une courte période en 865
Louis le Bègue est reinvesti du duché de France, mais il est incapable de s'opposer aux
Normands et
Robert le Fort récupère rapidement ce duché. Les
Rorgonides sont désormais sous la tutelle des
Robertiens.
Les Invasions Normandes
La première incursion Normande date de 865, elle se déroule avec l'appui des Bretons.
Le Mans est en partie prise et pillée, la cathédrale
est incendiée.
Une nouvelle incursion des Normands commandés par Hasting a lieu l'année suivante, en 866, à nouveau
Le Mans est pillée. Au retour de leur expédition les Normands sont interceptés par
Robert le Fort et
Ramnulf de Poitiers à Brissarthe, mais
Robert le Fort est tué.
Une nouvelle incursion Normande est repoussée en 875, c'est sans doute une des dernières.
Pendant toute cette période les populations ont été pillées et ranconnées et avaient besoin d'être protegées. C'est dans ce contexte que sont apparues la plupart des dynasties féodales, en genéral a partir des notables Carolingiens.
Les titulaires des comtés de la Francie Occidentale sont devenus progressivement independants et ont transformé leurs territoires en fiefs héreditaires.
La première Maison du Maine : Les Rorgonides
C'est la famille qui a dominé le
Maine pendant la plus grande partie du IXème siècle. Depuis le VIIIème siècle le
Maine était la région coeur de la Neustrie et
Le Mans était en quelque sorte la capitale de cet ancien royaume. D'où l'importance particulière de la famille qui dirigeait le
Maine.
Les
Rorgonides sont peut être issus du comte Roger, présent en 720 à l'époque de
Charles Martel. Mais de manière plus sure ils sont issus d'un comte carolingien nommé Gauzlin qui vivait en 820, sa femme s'appelait Adeltrude. Il en a eu deux fils, Gauzbert et Rorico Ier (+ vers 841).
Rorico Ier se lie avec une fille de
Charlemagne, Rotrude qui lui donne un fils Louis Abbé de Saint Denis, mort en 867.
Il se marie ensuite avec Bilchilde avec qui il a cinq enfants :
- Rorico II, mort en 865
- Gauzlin, l'évêque de Paris qui défend cette ville contre les
Normands avec le Robertien
Eudes en 886.
- Gauzfrid qui devient comte du Maine,
- Bilchilde mariée à
Bernard. Ils ont un fils également nommé
Bernard (de Gothie).
- une fille (Adeltrude) qui épouse
Ramnulf I comte de Poitiers.
Gauzbert, frère de Rorico Ier, devient comte du Maine à la suite de celui-ci. Accusé de collusion avec les Bretons par
Charles le Chauve et du meurtre de Lambert comte de Nantes, il est exécuté en 853.
Ceci provoque une réaction des grandes familles aristocrates dont certaines font appel à
Louis le Germanique (le frère de
Charles le Chauve) en 857-8.
Gauzfrid, le fils de Rorico Ier, devient ensuite comte du Maine. Gauzlin (mort en 914) est le dernier comte du Maine de cette famille, Gauzlin était soutenu par les Robertiens
Eudes et
Robert qui ont été rois de Francie Occidentale.
Les Rorgonides assurent sans succès la défense de la région contre les Bretons. Au final ils traitent avec eux puis s'associent à la révolte de
Louis le Bègue contre son père
Charles le Chauve.
Ce dernier confie alors la défense de la Neustrie (y compris le
Maine) à
Robert le Fort. C'est à partir de là que s'est construite la suzeraineté des
Robertiens sur le
Maine.
La deuxième Maison du Maine
Rothilde (871-928) et Roger
Rothilde est une fille de
Charles II le Chauve. Elle se marie avec
Roger, peut être issu de la famille des comtes de Laon, il apparait
au Mans vers 886 comme comte du Maine. Ils ont pour fils
Hugues I qui suit et une fille, Judith, qui épouse le Robertien
Hugues le Grand.
Dans les années 893-895, pendant le règne de
Eudes I, Roger est chassé
du Mans et le
Rorgonide Gauzlin le remplace mais ne peut se maintenir car par la suite Roger réussit à reprendre le comté.
Roger s'est signalé par ses violences et ses déprédations dénoncées par l'évêque du Mans Gontier entre 895 et 898. Le vicomte du Mans
Raoul I avait d'ailleurs un comportement analogue.
Hugues I (+ vers 950)
Il succède après 900 à son père Roger, il est par sa mère lié aux Carolingiens ce qui lui donne une position élevée. Il s'est sans doute marié à
une femme issue de la famille des
Rorgonides, probablement une fille du comte Gauzlin (qui pendant une période a repris le titre de comte du Maine), ce qui a permis de rétablir la paix entre les deux familles.
Quand
Charles III le Simple retire maladroitement l'Abbaye de Chelles à la mère de Hugues I pour la donner à son favori Haganon, ceci provoque le réaction du comte du Maine et son alliance avec
Hugues le Grand son beau-frère qui développe par la même occasion sa tutelle sur le Maine. Cette suzeraineté est matérialisée par le roi
Raoul en 924 au bénéfice d'
Hugues le Grand.
Il semble bien d'ailleurs que Hugues I soit toujours resté fidèle au Robertien. Le comte du Maine est le plus important de ses vassaux, il apparait immédiatement derrière lui dans les actes de l'époque. Hugues I reste au pouvoir jusque vers 950.
Il laisse trois enfants, Hugues II qui suit, Rorgo et une fille dont la fille Hildegarde se marie avec le vicomte
Geoffroy I de Chateaudun.
Hugues II (+ 992)
Il devient comte vers 950 et profite de la minorité d'
Hugues Capet pour s'emanciper de la tutelle des
Robertiens, comme le font de leur côté les
comtes de Blois et
ceux d'Anjou.
Il s'est probablement marié à une femme de la
Maison de Vermandois, alliée des
comtes de Blois, d'où le rapprochement des comtes du Maine avec la Maison de Blois qui venait en outre de s'approprier
Chartres et
Châteaudun.
Cette alliance l'amène, après 977 et l'arrivée de
Eudes I au comté de Blois, à s'opposer à
Hugues Capet d'où les difficultés que le comte du Maine a avec l'évêque
Sigefroi du Mans (
Le Mans était un évêché royal), avec les
comtes de Vendome et
ceux d'Anjou, les fidèles de
Hugues Capet.
Hugues II était également l'allié des comtes de Rennes qui étaient sous tutelle des
comtes de Blois, et tous cherchaient à limiter la montée en puissance des comtes de Normandie.
Sa lutte contre Sigefroy du Mans provoqua la fuite de ce dernier à
Vendôme chez son allié le comte
Bouchard de Vendome. Sigefroy remit alors au comte Bouchard un ensemble de terres, provenant du patrimoine de l'église du Mans, ces terres furent la base d'une petite région, le
Bas-Vendomois.
Hugues II a eu trois enfants, Hugues III qui suit, Foulques et Herbert Baco (+1032).
Hugues III (+ 1015)
Hugues III est l'allié de
Eudes II de Blois en lutte contre les rois de France et le
comte d'Anjou Foulques III.
Il a un fils Herbert qui suit, et une fille Mélisende qui épouse Judicael comte de Nantes.
En 996
Foulques III Nerra obtient du roi
Robert II le Pieux la suzeraineté sur le Maine. Ce comte d'Anjou développe l'influence Angevine dans le
Maine.
Herbert I Eveille Chien (985-1032)
Herbert I Eveille Chien est le fils de Hugues III.
Comme partout, la décadence du pouvoir central permet au comte du Maine de s'approprier la plupart des droits régaliens. Herbert I fait frapper sa propre monnaie avec son monogramme. Il s'entoure de fidèles à qui il attribue terres, fiefs et autorisations de construire des chateaux.
Les premières dynasties féodales du Maine figurent dans l'entourage du Comte. Ce sont celles de
Sablé,
Château du Loir, Mayenne. Ensuite apparaissent celles de Laval,
La Ferté Bernard,
Saint Calais puis après 1050
Sillé, La Suze, Malicorne, La Milesse, Montfort, Sourches, ...
Dès son arrivée au comté du Maine Herbert I est sollicité par
Foulques III Nerra pour combattre le
comte de Blois, son intervention à la bataille de Pontlevoy en 1016 est décisive.
Cependant assez rapidement le comte du Maine se positionne du coté du
comte de Blois et du comte de Rennnes, opposants des Angevins et du roi de France. Herbert I est rapidement en lutte avec l'évêque du Mans
Avesgaud de la
Maison de Bellème, qui est alliée à
Foulques III Nerra comte d'Anjou.
L'évêque doit quitter
Le Mans et se réfugier dans son château de
La Ferté Bernard, il met l'interdit sur le diocèse. Le 7 Mars 1025, Herbert est emprisonné par
Foulques III Nerra à l'occasion d'une entrevue à Saintes, ce qui permet à ce dernier de contrôler directement le
Maine.
Il a de sa femme un fils Hugues IV (cf cidessous) et trois filles: Gersende épouse de Albert Azzo d'Este (parents de Hugues V, cf ci-dessous), Biota épouse de
Gautier Comte de Vexin et Paula épouse de Lancelin sire de
Beaugency.
Hugues IV (+1051)
Il épouse Berthe de Blois fille de
Eudes II et veuve d'Alain comte de Bretagne. Il est mort le 26 Mars 1051.
Enfant à la mort de son père, il est placé sous la tutelle de son oncle Herbert Bacon. Celui-ci, allié des Angevins, essaie de faire évincer de son siège d'évêque du Mans Gervais de Château du Loir. Celui ci réplique et à l'aide d'un Concile populaire fait chasser Herbert Bacon du comté et met à sa place le jeune Hugues IV.
Gervais arrange alors, vers 1045/6, le mariage de Hugues IV avec Berthe de Blois qui met en danger la position du comte d'Anjou
Geoffroy II Martel dans le Maine. C'est pendant la présence d'Hugues IV à la tete du comté que la région est bouleversée par des luttes internes.
En 1048,
Geoffroy II Martel s'empare de
Château du Loir puis du Mans. Il emprisonne vers 1048 l'évêque du Mans
Gervais de Château du Loir, de la Maison de Bellême. Geoffroy remonte la Sarthe et atteint Alençon, qui appartient aux Bellêmes, et il s'en empare.
Herbert II (+1062)
Il est le fils de Hugues IV, à la mort de celui-ci, sa veuve Berthe est chassée du Mans et le
comte d'Anjou s'y implante.
Geoffroy II Martel comte d'Anjou fait libérer Gervais évêque du Mans qui se réfugie auprès de
Guillaume de Normandie. Quand Gervais devient archevêque de Reims, en 1055,
Geoffroy II Martel fait obtenir l'évêché du Mans à
Vulgrin de la famille des
vicomtes de Vendôme qui lui est très fidèle.
En 1056, Herbert II se réfugie à nouveau auprès du duc
Guillaume de Normandie qui s'inquiète de cette avancée des Angevins et Herbert II se reconnait alors vassal de Guillaume et le déclare son héritier puisqu'il n'a pas d'enfants. Marguerite soeur de Herbert est promise au fils de Guillaume, Robert Courteheuse. Herbert II meurt en mars 1062.
Dès la mort de Geoffroy II Martel, Guillaume de Normandie pousse son avantage dans le Maine. La plupart des seigneurs du Maine se révoltent alors contre le Duc de Normandie. Ils sont conduits par Geoffroy de Mayenne et appellent à leur tete un oncle par alliance de Hugues V, Gautier Comte du Vexin (la région de Mantes et Pontoise). Geoffroy le Barbu comte d'Anjou depuis 1060 soutient évidemment ce mouvement. Guillaume de Normandie se lance alors dans la conquete du Maine en pratiquant la tactique de la terre brulée et en faisant tomber un à un les chateaux de ses opposants.Il isole ainsi Le Mans qui tombe sans résistance à l'initiative de l'évêque et des habitants. Pour tenir en respect la ville soumise, Guillaume de Normandie fait construire , hors de son enceinte, deux forteresses: le Grand et Petit Mont-Barbet.
Gautier de Vexin et sa femme bien que rallié aux Normands moururent peu de temps après dans des conditions suspectes. Guillaume II vint
mettre le siège devant le chateau de Mayenne, où s'était réfugié Geoffroy de Mayenne, un incendie fit capituler la place en 1063/4. Le Maine était sous controle Normand et pour stabiliser la situation, Robert Courteheuse, mari de l'héritière du Maine Marguerite, fit hommage du comté au comte d'Anjou.
Après la revolte communale du Mans en 1069/70, Foulques IV le Réchin peut rétablir l'influence Angevine dans le Maine. Guillaume de Normandie reconquiert cependant le Maine en 1073. A la mort de ce dernier en 1087, la lutte reprend jusqu'à la mort du Comte Hélie en 1110. Alors le Maine est définitivement rattaché à la Maison d'Anjou et devient bientot une composante de l' Empire Plantagenet.
Hugues V (+1097)
C'est le fils de Albert Azzo d'Este et de Gersende, la fille de
Herbert Eveille Chien. Son frère Foulques est Marquis d'Este et reste en
Italie. Hugues V épousa une fille de Robert Guiscard, le celèbre roi de
Sicile. Sa fille Paule épouse Jean de La Flèche (fils de Lancelin de Beaugency et de Haberge). Ils ont pour fils Hélie qui suit.
Hélie (1060-1110)
Fils de Jean de la Flèche et petit fils de Hugues V. Il épouse Mathilde de Chateau du Loir, fille de Gervais
seigneur de Chateau du Loir.
et de Eremburge. Leur fille Ermengarde (1096-1126) épousa
Foulques V le Jeune comte d'Anjou puis roi de Jérusalem. Ceci permet le rattachement définitif du
Maine à l'
Anjou.
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La société aristocratique dans le Haut-Maine : XIe-XIIe siècles
(1999) - de Bruno Lemesle - Broché - ISBN : 2868473946
Cet ouvrage est un des plus complets sur les dynasties féodales du Haut-Maine : Comtes du Maine, Vicomte du Mans, ....
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Les seigneurs de Château du Loir
La Maison de
Château du Loir était lièe (dès l'époque de
Geoffroy Grisegonnelle +987 comte d'Anjou) de longue date à la
Maison de Blois.
Quand
Foulques III Nerra puis
Geoffroy II Martel comtes d'Anjou investissent le Maine ils ne trouvent pas d'opposant plus déterminé que les seigneurs de Château du Loir, en dépit de ses liens avec la
Maison de Belleme alliée, elle, aux comtes d'Anjou.
Haimon
Il épouse
Hildeburge de Belleme. Il en a deux fils, Gervais, évêque du Mans, et Robert seigneur de Chateau du Loir.
Gervais de Chateau du Loir
Gervais est le neveu de l'évêque
Avesgaud par sa mère, en effet il est le fils de Haimon, seigneur de Chateau du Loir et de Hildeburge de Bellême.
Il est d'abord seigneur de
Château du Loir puis évêque du Mans (1035) avant de terminer comme archevêque de Reims en 1055.
Bien qu'apparenté à la
Maison de Belleme, il se trouve en lutte avec
Geoffroy II Martel
comte d'Anjou. A vrai dire la famille des seigneurs de Château du Loir était de longue date lièe aux
comtes de Blois.
Gervais prend le parti de
Eudes II comte de Blois dans sa lutte contre les comtes d'Anjou, c'est par l'influence d'
Eudes II qu'il devient évêque du Mans en 1035. Plus tard il se rallie pour la même raison au duc de Normandie
Guillaume.
Le 15 Octobre 1055 Gervais est intronisé archevêque de Reims suite à la demande du roi de France
Henri I au Pape Victor II. Ce transfert
du Mans à Reims résoud le long conflit qui a opposé Gervais à
Geoffroy II Martel. C'est un geste de bonne volonté du roi vis à vis des deux protagonistes.
Robert
Fils de
Haimon, il a pour fils Gervais qui suit
Gervais (°1030)
Il est le fils du précedent, il épouse Eremburge et en a une fille, Mathilde(1055-1099) qui se marie à
Hélie de La Flèche comte du Maine.
Les seigneurs de Bellême
Entre la
Normandie, le
Maine et l'
Ile de France s'est constituée à la fin du Xème siécle une seigneurie considérable aux mains de la famille de Bellême. Elle s'étendait d'est en ouest sur une centaine de kilomètres de l'Huisne à l'Egrenne, en gros des environs de Belleme à Domfront et comprenait une ligne de crètes boisées où seuls quelques bons endroits permettent une circulation aisée entre la Manche et le Vallée de la Loire.
En savoir plus sur les Seigneurs de Belleme.
Les Bellêmes tiennent leur seigneurie du
roi de France et dès l'époque du duc de Normandie Robert I le Magnifique ils possèdent le chateau d'Alençon qu'ils tiennent de celui-ci. En outre ils tiennent du comte du Maine le chateau de Domfront à l'extémité nord ouest du comté.
Les Bellêmes sont apparentés à la famille des
Vicomtes du Mans et obtiennent pendant une période d'oncle en neveu l'évêché du Mans qui est un éveché royal. Au début du XIème siécle les seigneurs se lient par alliance avec les
seigneurs de Chateau du Loir, aux confins de l'
Anjou, du
Vendômois, du
Maine et de la
Touraine.
Dans la lignée de son alliance avec les
Robertiens/Capétiens la Maison de Bellême se retrouve souvent du coté du comte d'Anjou dans les luttes d'influence qui s'exercent sur le
Maine. Corrélativement elle est souvent en opposition avec les comtes du Maine.
A l'époque de
Geoffroy II Martel, le comte d'Anjou possède une réelle autorité féodale et seigneuriale sur la Maison de Bellême. Ces prérogatives proviennent sans doute du roi de France.
Les domaines de Bellême ont servi de tampon entre le
Maine et la
Normandie et l'influence royale a eu pour effet de protèger le
Maine, alors sous contrôle des comtes d'Anjou, des avancées Normandes.
A l'époque de
Geoffroy II Martel comte d'Anjou, seules les places de Domfront et Ambrières ont été prises par le duc de Normandie.
Vers 1050 la seigneurie de Belleme appartient à Yves évêque de Sees lorsque sa nièce Mabille épouse Roger de Montgomery vicomte d'Exmes et fidèle de
Guillaume de Normandie. A partir de là l'influence des Normands sur la Maison de Belleme devient plus forte, meme si celle des
Capétiens subsiste.
Par la suite la famille de Bellême perd la Seigneurie de cette ville qui est transférée aux
comtes du Perche par Henri I Beauclerc, elle conserve cependant le comté d'Alençon jusqu'au début du XIIIème siècle.
Les Vicomtes du Mans
Dans le Maine, le pouvoir comtal s'est effrité après 950 avec la montée de l'influence des
comtes d'Anjou. Initialement liés aux comtes du Maine, les vicomtes du Mans sont progressivement passés sous l'influence et la tutelle des comtes d'Anjou en particulier grace à leur liens familiaux avec les
vicomtes de Vendome très liés aux comtes d'Anjou. Les vicomtes du Mans avaient également des liens familiaux avec la
Maison de Bellême.
Hubert
Il est vicomte du Mans dans les années 888-890
Il est sans doute de la même famille que l'évêque Hubert du Mans qui vécut un peu après lui. C'est sans doute un ancêtre du vicomte Raoul I.
Raoul I
Il avait pour frère Mainard évêque du Mans et leur soeur est la mère de
Yves de Belleme . La
femme de Raoul s'appelait Godehilde. Il a pour fils Raoul II qui suit.
Raoul II
Il est vicomte du Mans dans la période autour de l'an 1000.
Fils de
Raoul I, il épouse Widenoris dont il a six enfants:
Raoul III qui suit, Geoffroy seigneur de
Sablé, Yves, Hubert , Eudes et Odile épouse de
Hugues dit "de Lavardin"
Raoul III
Il est vicomte dans la période 1015-1030.
Il épouse Godehilde de Bellême dont il a deux fils:
Raoul IV qui suit et Geoffroy qui épouse l'héritière des seigneurs de Braitel.
Raoul IV (+ entre 1065 et 1070)
Raoul IV épouse Emma de Montrevault( fille et héritière de Etienne (+1058) seigneur de Montrevault et
du Lude et de Emma, la fille de
Hubert vicomte de Vendôme, lui même également issu de la famille des vicomtes du Mans). Il épouse en secondes noces Cana de Pontlevoy.
C'est un des fidèles de
Geoffroy II Martel comte d'Anjou, le soutien complémentaire de son oncle
Hubert évêque d'Angers et sa position dans le Maine pendant la lutte contre Guillaume de Normandie lui permet de devenir
vicomte de Vendôme.
Il a deux fils et deux filles de son premier mariage : Hubert qui prend sa suite comme vicomte du Mans,
Raoul Payen vicomte de Vendome (qui épouse Agathe, la fille de
Foulques l'Oison comte de Vendome), Godehilde (qui épouse
Guillaume II seigneur de Belleme) et Hageburge qui épouse Tesselin en lui apportant le titre de seigneur de Montrevault.
Hubert de Beaumont (°1030-+1070)
Il est le fils de
Raoul IV et vicomte du Mans et du Lude. Il détient également la forteresse de Beaumont,
Fresnay et Sainte Suzanne (Il est surnommé le vicomte Hubert de Sainte Suzanne).
Il participe à la défense du
Maine contre
Guillaume de Normandie puis fait sa paix avec lui.
Il épouse, le 6 décembre 1067, Ermengarde, la fille du comte Guillaume I de Nevers et de Ermengarde de Tonnerre. Ils ont trois fils et une fille:
- Raoul V qui suit
- Guillaume (°1061) et Hubert (°1062)
- Godehilde (°1063) qui devient Abbesse.
Lui meme et ses descendants prirent le nom de Beaumont.
Raoul V (°1060-+1120)
Il est le fils du précedent et d'Ermengarde de Nevers. Il est vicomte du Mans et seigneur de Beaumont, du
Fresnay et de Sainte Suzanne.
Il épouse Adénor de Laval (°1080), fille du baron Guy II de Laval, ils ont pour fils Roscelin qui suit.
Roscelin (+1145)
Il est le fils du précedent et d'Adenor de Laval. Il épouse Constance, fille illégitime de Henri I Beauclerc roi d'Angleterre. Ils ont pour fils Richard I qui suit.
Richard I de Beaumont (+1194)
Il est le fils du précedent et de Constance d'Angleterre. Il épouse Lucie de L'Aigle (+1217), fille de Richard II de L'Aigle (+1217). Ils ont un fils Raoul VI (qui suit) et deux filles:
- Constance, épouse de Roger IV de Toeni (1160-1209).
- Ermengarde (+1233) épouse de Guillaume I roi d'Ecosse (1143-1214).
Raoul VI (+1235)
Il est le fils du précedent. Il épouse Agnès.
Evêques du Mans liés à la famille des vicomtes du Mans
Hubert
Evêque du Mans de 913 à 951.
Mainard
C'est le frère de
Raoul I vicomte du Mans et l'oncle de
Yves de Belleme. Il est évêque du Mans de 951 à 971.
Vulgrin
Il est le neveu de
Hubert évêque d'Angers, il est issu de la famille des
vicomtes de Vendome et à ce titre apparenté de loin aux
vicomtes du Mans.
Abbé de Saint Serge d'Angers en 1046. Il devient évêque du Mans en 1055 avec l'appui de
Geoffroy II Martel comte d'Anjou à qui le roi de France
Henri I a transmis le pouvoir de nomination de l'évêque du Mans. Il représente une rupture avec les éveques issus de la Maison de Belleme.